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Les voyageurs d’eux-mêmes.

 

Au départ il y a la littérature. Celle de Marguerite Duras. Ecrire. Ecrire car « la littérature est la preuve que la vie ne suffit pas ».

Avec Ecrire, Duras renvoie  au silence, à la solitude, à la mort aussi, fut-elle celle d’une mouche. Terrible.

Pour Sylvain Fraysse et Sarah Vialle, la littérature ne suffit pas. Alors il y a cette exposition, qui s’offre comme un livre, avec ses chapitres, 

ses entrées, ses références, sa ponctuation… Pétales de roses fanées. 

Une sorte de mise en abyme métaphorique de l’œuvre et de l’univers de Duras.

Une référence, un point de départ, pas de conclusion, mais des chemins qui s’ouvrent sur les travaux des deux artistes.

 

A l’invitation de La lanterne, Sylvain Fraysse et Sarah Vialle se sont retrouvés en résidence à Mende et ses alentours pour s’y faire écho, 

entrer en résonance. 

 

Dans cette dualité, Sarah Vialle et Sylvain Fraysse considèrent l'absence comme trait d'union à leurs travaux.

Une manière commune, disent-ils, de ralentir le visible, en défaire la lisibilité. Donner à voir "qu'il ne se passe rien, non pour prendre le 

temps, mais pour en faire quelque chose", tenter de s'acclimater à un lointain.

 

A partir du texte de Duras - qui fut aussi le point de départ de leur rencontre - les deux artistes travaillent. Le texte devient alors prétexte,

même si l’univers de l’écrivain n’en disparait jamais vraiment.

 

Le travail de Sarah Vialle s’appuie sur l’image, la video.

 

Après la visite de la grôtte Malaval, projections mêlées, des deux univers, celui filmé  de la maison de l’écrivain,  et les murs de la grotte. 

 

Evocation évidente de la tracé laissée par Duras, et de son texte «les mains négatives», sur les peintures pariétales, préhistoire de notre

 humanitée, le début de tout.

 

Ces mains

du bleu de l'eau

du noir du ciel

Plates

Posées écartelées sur le granit gris

Pour que quelqu'un les ait vues

 

Sylvain Fraysse, utilise une gravure  évoquant la naissance des premières images dans un imposant mural, implanté au milieu de nulle part, 

sur les terres des Bondons.

Au confinement de la grotte contraste l’immensité désertique du lieu.

Un enfant, voyeur,  sur la pointe des pieds, regarde...  pulsion sans doute primitive du désir de voir , projection intemporelle.

 

Les deux artistes se rejoindront à Mende, à la lanterne… Travaux mêlés. Regards croisés. A cet instant on ne sait plus vraiment qui est qui, 

et ça n’a plus la moindre importance. Il suffit de prendre la route, imaginer...

 

« Rien de plus (tout du moins) » est un voyage, ou, plus justement, ce que Fernando Pessoa aurait pu définir comme le sentiment des 

voyageurs d’eux-mêmes.

 

François Bruschet. 

 

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